Pour la troisième année consécutive, un bon nombre de complétistes sont venus fouler la piste du Jumping International de Bordeaux et se disputer la victoire dans le très apprécié du public Devoucoux Indoor Derby. À cette occasion, l’équipe de Le cavalier bleu, bien décidée à en apprendre plus sur cette épreuve à part entière dont le succès n’est plus à démontrer, est allée à la rencontre de l’une des étoiles montantes du concours complet tricolore, Mathieu Lemoine. Le médaillé d’argent par équipes lors des championnats d’Europe de Blair Castle a accepté de nous livrer son point de vue sur ce qu’il considère comme une nouvelle discipline et ses souhaits concernant son développement.
Le cavalier bleu : Quel regard portes-tu sur ces derby indoor qui sont apparus il y a quelques années maintenant ?
Mathieu Lemoine : Je les trouve toujours très intéressants. Ils nous permettent de sortir en compétition l’hiver et donc de ne pas perdre la main, même si ils n’ont en fait pas grand chose à voir avec le complet que nous pratiquons le reste de l’année. En fait, je pense qu’une nouvelle discipline est née.
L.C.B. : Quelles sont alors tes attentes envers cette nouvelle discipline à part entière ?
M.L. : Aujourd’hui, même après trois années d’existence, les derby indoor restent des shows, fabriqués pour le plaisir des spectateurs. D’ailleurs, les tribunes sont toujours pleines durant ces épreuves et l’ambiance est toujours phénoménale. C’est agréable d’être accueillis comme nous le sommes à notre entrée en piste, mais nous ne considérons pas encore assez sérieusement ces épreuves. Nous y participons parce qu’elles sont très sympathiques mais nous ne nous focalisons pas sur nos résultats. Ceci étant dit, ce serait formidable si le circuit pouvait se développer à la manière d’un circuit Coupe du monde, cela lui donnerait plus d’ampleur et nous motiverait à former des chevaux vraiment compétitifs dans cette nouvelle discipline.
« Les derby indoor restent des shows […], ce serait formidable si le circuit pouvait se développer »
L.C.B. : Quels chevaux sont les plus adaptés à ce format finalement assez complexe ?
M.L. : Si le circuit et ses enjeux se développent, il deviendra nécessaire de présenter des chevaux sélectionnés et entraînés de manière spécifique en vue de courir des derby indoor. À l’heure actuelle, nous ne pouvons pas nous le permettre. Deux options s’offrent donc à nous : soit nous nous engageons avec un cheval très expérimenté comme Punch de l’Esques (AA, Hermès d’Authieux AA x Ultan*HN, ndlr) ou Looping de Buissy (AA, Quercus du Maury x Alban A, ndlr), les montures de mes compatriotes Karim Florent Laghouag et Sidney Dufresne, soit avec un cheval en formation. C’est celle-ci que j’ai choisie l’an passé avec Bart L et cette année encore avec Roscanvel Champeix (SF, Capricieux des Six Cences x Rosire. Le couple a finalement pris une très belle sixième place avec seulement 4 points de pénalité et un chronomètre de 131.34 secondes, ndlr). Bart L (KWPN, United x Gribaldi, ndlr), par son modèle, n’est pas du tout adapté à ce genre d’épreuves. Néanmoins, j’ai vraiment senti qu’il en était sorti grandi. La compétition, quelle que soit sa forme, est selon moi le meilleur moyen de faire progresser un cheval. À l’avenir, il nous faudra compter sur de petits chevaux rapides avec un bon coup de saut.
L.C.B. : Quelles sont les qualités dont doit disposer un cavalier pour participer à un derby indoor ?
M.L. : Les derby nous incitent à privilégier la vitesse, comme sur un cross classique, mais la présence d’obstacles mobiles tout au long du parcours nous oblige à faire de gros efforts techniques. Nous devons réellement adapter notre monte. C’est un excellent exercice pour nous aussi.
« Les échanges entre cavaliers de saut d’obstacles et complétistes ne sont pas vraiment au rendez-vous. »
L.C.B. : Ces épreuves sont organisées en parallèle d’importantes compétitions de saut d’obstacles. Cela te permet-il d’échanger avec des cavaliers pratiquant cette autre discipline, sur place, et de manière plus durable, dans le but de progresser à l’hippique ?
M.L. : Les derby offrent une belle visibilité au concours complet et à ses acteurs, que ce soit dans la presse ou à la télévision. Des marques sont intéressées par ce nouveau marché. Ces épreuves sont également un atout pour les organisateurs de compétition de saut d’obstacles car ils attirent un public nombreux. Néanmoins, les échanges entre cavaliers de saut d’obstacles et complétistes ne sont pas vraiment au rendez-vous. Ce n’est pas lorsque nous participons au derby que nous faisons des rencontres. C’est vraiment dommage parce que je suis persuadé que nos deux mondes ont beaucoup de choses à échanger. J’essaie de faire des efforts. J’ai déjà pu discuter de ça avec Roger-Yves Bost. Amoureux de la vitesse et des sensations fortes comme il l’est, il adhère vraiment à la nouvelle discipline qui nous est proposée. Il n’a d’ailleurs pas caché son envie d’y participer (rires) ! Il serait sans doute intéressant d’organiser une compétition par équipes mixant cavaliers de saut d’obstacles et complétistes. Cela éveillerait sans doute la curiosité de chacun. Il y a du potentiel !
L’équipe de Le cavalier bleu remercie Mathieu Lemoine pour sa gentillesse et son franc parler et lui souhaite le meilleur pour l’olympique saison 2016.
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Propos recueillis par Pauline Arnal à Bordeaux.
Belle interview !
C’est vrai que c’est spectaculaire comme discipline équestre
Un cross indoor avait été organisé à mon centre équestre, j’avais adoré !