Après avoir contribué à la médaille d’argent de l’équipe de France à Caen lors des Jeux équestres mondiaux FEI Alltech 2014 en Normandie, Simon Delestre n’a pas cessé de s’illustrer. Grâce à ses deux talentueux Selle Français, Qlassic Bois Margot (L’Arc de Triomphe x Galoubet A) et Ryan des Hayettes (Hugo Gesmeray SF x Ryon d’Anzex), le Lorrain a effectué une superbe saison. En décembre dernier, il a remporté le premier Grand Prix Coupe du monde de sa carrière à Malines, en Belgique. Par la suite, il s’est notamment classé aux troisième et deuxième places des Longines Global Champions Tour de Londres, au Royaume-Uni, et de Valkenswaard, aux Pays-Bas. Ses plus belles performances, il les a signé sur la mythique piste en herbe du stade de la Soers à Aix-la-Chapelle, en Allemagne, en selle sur son petit alezan en terminant troisième du Grand Prix Rolex au mois de mai et surtout en arrachant la médaille de bronze individuelle lors des derniers championnats d’Europe. À trente-quatre ans, il est l’un des plus grands espoirs tricolores en vue des Jeux olympiques 2016 qui se dérouleront l’été prochain à Rio de Janeiro, au Brésil. Aussi, nous avons décidé de lui consacrer notre toute première interview. À notre micro, Simon Delestre a gentiment accepté de revenir sur sa belle performance européenne et de se confier sur ses projets d’avenir.
Le Cavalier Bleu : Comment as-tu surmonté cette semaine riche en rebondissements passée à Aix-la-Chapelle pour le clan français ?
Simon Delestre : Comme toutes les semaines de championnats, cette semaine-là a été très longue et très éprouvante… Ryan des Hayettes, ainsi que les chevaux de mes coéquipiers étaient en forme, nous n’avons pas eu à gérer de petits soucis de ce côté-là, c’est toujours agréable ! Par équipe, nous avons réalisé une bonne chasse, une bonne première manche, mais malheureusement nous avons manqué de réussite pour la deuxième. Nous étions forcément tous très déçus. Personnellement, je savais que j’avais encore une belle carte à jouer dans la finale individuelle, je ne me suis donc pas laissé démoraliser. D’ailleurs, tout s’est très bien déroulé. Ryan a été fantastique, ma semaine s’est terminée en apothéose puisque j’ai réussi à prendre la troisième place et donc la médaille de bronze !
L.C.B. : Parles-nous de ce que tu as ressenti une fois monté sur le podium et médaillé, au centre de cette piste en herbe mythique qu’est celle d’Aix-la-Chapelle ?
S.D. : J’étais tout simplement heureux ! C’était un moment très intense, et, pour l’instant, je peux même dire que c’était le plus beau moment de ma carrière. J’espère d’ailleurs avoir la chance d’en vivre d’autres (rires) ! Monter à Aix-la-Chapelle a toujours une saveur particulière, alors forcément, y être médaillé, c’est vraiment très spécial.
« J’étais tout simplement heureux ! »
L.C.B. : Ta performance finale a-t-elle permis de remonter le moral des troupes ?
S.D. : Oui, forcément ! C’était une immense satisfaction personnelle mais pas seulement. Mes coéquipiers, Philippe Guerdat (le sélectionneur de l’équipe de France, ndlr), le reste du staff, mes partenaires, mes sponsors, ma femme Magali, ma famille, mes amis et tous ceux qui me suivent et me soutiennent au quotidien depuis de nombreuses années étaient vraiment ravis.
L.C.B. : Tu dois être très fier de ce que t’a offert Ryan, ton petit cheval magique en lequel tu as toujours cru.
S.D. : Oui, très ! Cela dit, ça n’a jamais été difficile de croire en lui. Ryan est un cheval vraiment exceptionnel qui a toujours sauté de manière fantastique. En revanche, malgré sa puissance et son respect inné des barres, il est très sensible. Il a fallu que nous travaillions toujours dans le relâchement, sans précipitation. Je suis heureux d’être parvenu à gravir avec lui les échelons un à un jusqu’à cette médaille.
L.C.B. : Aujourd’hui, tu es le numéro un français au classement mondial. Cela décuple-t-il la pression quotidienne ?
S.D. : Honnêtement, ça ne change pas grand chose. Ce mois-ci, je suis le premier, le mois prochain je pourrais être le deuxième ou le troisième. Mon but n’est pas tellement de viser les plus hautes places du classement mondial mais plutôt de maintenir mes chevaux dans le même état de forme et de continuer à monter dans le même d’esprit pour faire en sorte que mes performances restent les plus régulières possibles.
L.C.B. : As-tu trouvé difficile le retour au quotidien et aux habituelles compétitions du week-end ?
S.D. : Non, les concours se sont vite enchaînés après les championnats d’Europe. Je suis allé à Valence, à Bruxelles, à Rome, puis à Vienne. Je n’ai pas eu le temps de me poser trop de questions (rires) !
L.C.B. : Compte-tenu de tes dernières performances, ta route vers les Jeux olympiques de Rio en 2016 semble toute tracée et sans embûches. Comment comptes-tu aborder cette prochaine grande échéance ?
S.D. : C’est vrai que je suis pour l’instant dans une position plutôt confortable. J’ai la chance d’avoir deux chevaux, Ryan et Qlassic, capables d’affronter cette échéance. Mon principal souci va être de les maintenir au meilleur de leur forme pendant les longs mois à venir et de leur assurer une préparation optimale en vue d’une sélection. Bien sûr c’est toujours plus facile à dire qu’à faire, mais je compte donner le meilleur de moi-même pour partir à Rio en août prochain.
L.C.B. : Que penses-tu de la candidature de la ville de Paris à l’organisation des Jeux olympiques 2024 ?
S.D. : Recevoir les Jeux olympiques à Paris serait, à mon avis, formidable pour le sport français en général et pour l’ensemble de ses filières. Courir une telle échéance à domicile ajoute toujours une pression supplémentaire comme lors des Jeux équestres mondiaux FEI Alltech 2014 en Normandie, mais c’est très porteur. J’espère que nous aurons cette chance.
« Recevoir les Jeux olympiques à Paris serait […] formidable pour le sport français. »
L.C.B. : En parlant de pression, as-tu des petits secrets, des petits rituels à l’écurie ou sur les terrains de concours, qui t’aident à la surmonter ?
S.D. : Pour ma part, je crois qu’en étant chaque week-end en concours, je n’ai pas vraiment de temps à consacrer à ça. Je me suis habitué à la pression.
L.C.B. : Pratiques-tu d’autres sports que l’équitation ou t’adonnes-tu à d’autres activité pour te changer les idées ?
S.D. : Je n’ai pas beaucoup de temps à consacrer à autre chose qu’à mes chevaux, mais j’essaie de faire beaucoup d’exercice physique. Je pratique la course à pied, la natation, et je fais beaucoup de séances d’étirements. J’ai des douleurs dorsales récurrentes liées à la pratique intensive de l’équitation, c’est d’ailleurs le cas pour beaucoup de cavaliers, alors je fais en sorte d’entretenir mon corps pour qu’elles soient le moins présentes possible. Et puis, cela permet de penser un petit peu à autre chose. Le sport et bon pour le corps mais aussi pour le moral !
Le cavalier bleu remercie Simon Delestre pour s’être prêté au jeu des questions-réponses et lui souhaite le meilleur à venir. Rendez-vous à Rio ?
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Interview écrite & réalisée par Pauline Arnal